Publié le 12 juin 2023–Mis à jour le 10 juillet 2023
Monumental et précis. Excessif et rigoureux. Solitaire et redoutable.
Tel transparaît Henri Bouasse à travers l’œuvre qu’il a laissée et les nombreux commentaires qu’elle a suscités. Il défendait une pédagogie fondée sur l’expérimentation, et un enseignement adossé à une didactique de la Physique : des cours très complets et une instrumentation dédiée, donc. Et il n’a pas fait dans la demi-mesure, puisqu’il laisse, entre autres, une encyclopédie et un orgue !
Professeur à la Faculté des Sciences de Toulouse de 1894 à 1937, où il occupe la chaire de Physique, il fait une carrière… à sa façon. Mais avant d’être un collègue et un maître qui suscite à la fois respect et crainte, il a d’abord été un étudiant brillant : lycée Louis le Grand, Ecole Normale Supérieure, major de l’agrégation de Physique, et préparateur de Mascart au Collège de France. Ce n’est qu’un début. Il n’est pas qu’un éminent physicien, il est aussi, fondamentalement, un enseignant. Et il va suivre le cheminement classique : lycées d’abord, la Faculté des sciences ensuite.
Les premières années, il publie des cours, et puis à partir de 1912 et pendant près de 30 ans c’est la Bibliothèque scientifique de l’Ingénieur et du Physicien en… 45 volumes. Une œuvre majeure qui marque des générations de physiciens avec chaque fois une préface très personnelle. Chaque parution provoque deux réactions : le contenu scientifique fait l’unanimité, on salue l’exhaustivité, l’utilité, la clarté, la rigueur, et la préface soulève débats et polémiques.
Si l’on peut supposer qu’une partie des instruments anciens du Cabinet de physique de L’Université Toulouse III-Paul Sabatier ont servi aux travaux d’Henri Bouasse, et en particulier aux expériences nécessaires à l’écriture de sa Bibliothèque, il en est un qui garde une part de mystère. On l’appelle « orgue de Bouasse ». Il reste 52 tuyaux, 2 sommiers, un soufflet. Pourquoi un orgue de physicien aussi monumental ? Le mystère n’est pas tout à fait éclairci.
Ainsi était l’homme : savant, curieux, et …discret.