Publié le 28 octobre 2024–Mis à jour le 28 octobre 2024
Récompensées pour l'excellence scientifique de leur projet de recherche, les 35 jeunes talents de l'édition 2024 du prix "Pour les femmes et la science", attribué par L'Oréal et l'UNESCO, sont doctorantes et post-doctorantes. Oportune Kpotor, doctorante à l'Institut des maladie métaboliques et cardiovasculaires (I2MC - INSERM/UT3), fait partie des lauréates.
Originaire du Togo, où elle a effectué ses premières études universitaires, Oportune Kpotor est habituée à relever les défis. Malgré les obstacles qui se sont dressés sur son chemin elle n’a pas renoncé à poursuivre ses études. Son ambition : faire de sa passion pour l’innovation pharmacologique son métier. Elle mène actuellement un doctorat à l’université Toulouse III ‑ Paul Sabatier, à l’Institut des maladies métaboliques et cardiovasculaires, sur une maladie rare et très peu étudiée, la myopathie centronucléaire, qui entraîne une faiblesse musculaire évolutive.
Crédit : Nicolas Gouhier / Julien Knaub pour la Fondation L’Oréal.
Quels sont les enjeux de vos recherches et leurs applications ?
J’étudie la myopathie centronucléaire liée au chromosome X, une forme très grave de myopathie. Mon objectif est de comprendre les mécanismes biologiques affectés par la maladie, notamment le développement anormal des cellules musculaires squelettiques. Ces cellules, responsables des mouvements volontaires comme marcher ou bouger les bras, sont fortement altérées par cette pathologie. Cela engendre de graves symptômes : faiblesse et dégradation des muscles, douleurs, difficultés de coordination, conduisant à des complications mortelles. Dans le futur, mes recherches pourraient permettre de développer de nouvelles thérapies pour les patients.
Pourquoi avez-vous choisi une carrière scientifique ?
Dès mon plus jeune âge, j’ai été curieuse de comprendre comment les choses fonctionnent, que ce soit en observant la nature ou en réalisant des expériences scientifiques à l’école. Au fil du temps, cette curiosité s’est transformée en une passion pour la recherche et l’innovation. La perspective que mes travaux de recherche pourraient contribuer à améliorer la santé et le bien-être des personnes me procure une grande satisfaction personnelle et la confiance nécessaire pour poursuivre des études scientifiques.
Dans votre parcours, avez-vous rencontré des difficultés en tant que femme ?
Convaincu de l’importance de l’éducation des jeunes filles, sujet alors controversé en Afrique, mon père m’a constamment encouragée à poursuivre mes aspirations. Il prônait l’excellence, me répétant : « Fais-le bien ou ne le fais pas ». Son soutien indéfectible a nourri ma confiance, me permettant de poursuivre des études scientifiques. Cependant, en France, j’ai été confrontée à des préjugés sexistes et racistes, minimisant mes compétences. Intégrer le monde scientifique, c’est m’engager aux côtés de femmes qui combattent ces stéréotypes pour un monde plus juste.