Publié le 17 avril 2025 Mis à jour le 17 avril 2025

La production d'huile d'olive est menacée par les sécheresses et la baisse de l'activité solaire. Une équipe de scientifiques du Centre de recherche sur la biodiversité et l'environnement (CRBE, CNRS/IRD/Toulouse INP/Université de Toulouse) s’est basée sur 8 000 ans de données et montre que la photosynthèse, cruciale pour la production de pollen, est en déclin. Publiée le 6 avril dans Communications earth and environment, l'étude met en garde contre l'incertitude de la durabilité des régions oléicoles à long terme en Méditerranée orientale.

Pilier du régime méditerranéen, l’huile d’olive est confrontée à d’importantes menaces qui pèsent sur sa production. Ces dernières sont liées, d’une part, aux sécheresses récurrentes et d’autre part à la baisse de l'activité solaire. En effet, le Soleil est entré dans une période de grand solar minimum, dont la première phase devrait se terminer en 2053. Ces grands minima solaires se produisent lorsque plusieurs cycles solaires présentent une activité inférieure à la moyenne (pendant des décennies, voire des siècles). Les cycles solaires ont toujours lieu durant ces phases mais avec une intensité beaucoup plus faible que la valeur moyenne, ce qui conduit à une baisse d’énergie reçue par la Terre.

L’étude, coordonnée par David Kaniewski, maître de conférences à l’Université de Toulouse, s’est basée sur 8 000 années de données de pollinisation de l’olivier en Méditerranée orientale, de la Turquie à Israël. Il en ressort que la production de grains de pollen, et donc les futurs rendements, est principalement déterminée par l’activité photosynthétique. Cette dernière est influencée par la température, les niveaux de CO2, les précipitations durant les différents stades phénologiques de l'olivier ainsi que par les variations du bilan radiatif. Ce dernier paramètre est crucial pour la production de pollens.

Le bilan radiatif correspond à la différence entre l'énergie solaire que la Terre reçoit et la chaleur qu'elle renvoie dans l'espace, essentiel pour réguler notre climat. « Or, dès qu’il se retrouve modifié, il impacte négativement la floraison, la fécondation et la fructification des oliviers, agissant comme une importante couverture nuageuse limitant l’insolation », constate David Kaniewski. Actuellement, le bilan radiatif est directement imputé à un déclin d’ensoleillement pendant deux périodes clés des oliviers : de mars à avril, où ils bourgeonnent, et de septembre à novembre, quand les olives sont en phase de maturation. Une tendance qui va se poursuivre avec la chute de l’activité de notre astre pendant le grand minimum solaire.
 
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Légende - L’oléiculture syrienne, menacée par le changement climatique et les variations de l’activité solaire. Crédit : David Kaniewski.

 

L'activité photosynthétique apparait donc comme un déterminant clé concernant l'avenir de l'économie oléicole méditerranéenne. Ses variations auront des implications majeures pour la sécurité alimentaire de la région car l’olivier, symbole d’identité et de reconnaissance de l’aire méditerranéenne, est surtout un fondement sur lequel repose une partie de son économie. Face aux dérèglements climatiques actuels et futurs se pose clairement la question de la vulnérabilité de l’olivier et de l’oléiculture, estime le maître de conférences.


En pleine phase de transition alimentaire et de reconnaissance des bienfaits du régime méditerranéen, la question de la soutenabilité, voire de la pérennité de l’un de ses constituants majeurs face aux déterminants climatiques reste sans réponse. Des études complémentaires, entreprises actuellement au CRBE, vont permettre d’apporter de nouveaux éclairages concernant la vulnérabilité actuelle et future de l’oléiculture en Espagne, premier producteur mondial d’huile d’olive.
 
En plus du CRBE, l’étude a également été pilotée par le laboratoire Théoriser et modéliser pour aménager de Besançon (ThéMA, CNRS/Université Marie & Louis Pasteur/Université Bourgogne Europe) et de l’Institut des sciences de l'évolution de Montpellier (ISEM, CNRS/UM/IRD/EPHE/CIRAD/INRAP).
Référence :
Olive production in the 21st century will be threatened by water stress and declining solar activity 
David Kaniewski, Nick Marriner, Jean-Frédéric Terral, Guillaume Besnard, Labrini Tsitsou, Jülide Topsakal, Christophe Morhange, Thierry Otto, Frédéric Luce, Rachid Cheddadi Vergnolle
Communications earth and environment, avril 2025

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Ce projet a été financé par PATRIMOLEA (Défi Clé Occitanie - Sciences du Passé; Coordinateur : J.F. Terral).