Publié le 6 février 2025 Mis à jour le 6 février 2025

Si le temps s'écoule de la même manière pour chacun, le processus du vieillissement, lui, suit un rythme propre à chaque individu. Ainsi, pour mieux anticiper les maladies liées à l’avancement dans la vie, l’âge biologique se révèle être un meilleur indicateur que l’âge chronologique. Angelo Parini, professeur émérite de l’Université de Toulouse, et Yohan Santin, postdoc à l’IHU healthAge, se sont attelés à identifier avec précision les critères « multi-organes » déterminant cet âge biologique. Les travaux, menés au sein de l’IHU HealthAge, ont été publiés dans Science Advances, en décembre 2024.

Nous ne vieillissons pas toutes et tous à la même vitesse. Ainsi, notre âge chronologique, déterminé par le moment de notre naissance, n’est pas un critère suffisant pour évaluer nos risques face à des pathologies liées au vieillissement. En revanche, l’âge biologique, qui reflète l’état physiologique réel d’un individu, en est un qui est pertinent. C’est d’ailleurs l’un des axes d’études de l’Institut hospitalier universitaire (IHU) HealthAge, impliquant des scientifiques du CHU de Toulouse, de l’Inserm, du CNRS et de l’Université de Toulouse.

Le vieillissement est la conséquence de plusieurs paramètres. Déterminer ces derniers pour établir un âge biologique est alors crucial. Pour ce faire, les chercheurs toulousains ont analysé une cohorte unique de rongeurs, comprenant 1576 souris mâles et femelles, présentant une diversité génétique, afin d'étudier le vieillissement biologique à différents âges. 

Cette cohorte a été conçue en miroir avec la cohorte humaine Inspire-T, composée de 1 129 femmes et hommes âgés de 20 à plus de 100 ans. Autrement dit, les scientifiques ont reproduit une série de caractéristiques et de paramètres clés de la cohorte humaine chez la souris. La cohorte murine est alors devenue un modèle permettant de mieux comprendre les déterminants de l’âge biologique, les mécanismes du vieillissement et l’association avec les maladies liées à l'âge dans un contexte biologique comparable à celui de l’humain.

Grâce à des outils innovants de suivi digital, cette étude a permis de surveiller en temps réel l’activité et l’état physique des souris tout au long de leur vie. Cette approche unique a révélé une grande disparité des déterminants d’âge biologique et des trajectoires de vieillissement multi-organes entre les sexes. Ces techniques ont permis d’identifier des groupes de souris avec des profils similaires mais des âges chronologiques différents. En analysant ces différences biologiques et fonctionnelles, les scientifiques ont ainsi pu proposer des facteurs prédictifs du vieillissement en bonne ou en mauvaise santé. 
 
Légende
Légende - Caractéristiques fonctionnelles et biologiques mesurées et classées en huit domaines spécifiques : l'anxiété, les performances cognitives, cardiaques, métaboliques, physiques, urinaires, immunitaires et hématologiques.

« Le vieillissement biologique dépend de plusieurs facteurs, parmi lesquels on retrouve la fonction musculaire, urinaire, cardiaque, mais aussi l’état d’anxiété ou la production de globules rouges », détaille le professeur émérite.
 

C’est en jouant sur ces fonctions, qu’il devient possible d’envisager des stratégies de prévention et des thérapies pour ralentir le vieillissement biologique, souligne Angelo Parini.


La comparaison des méthodes entre les études sur les humains et sur les souris permet de mieux appliquer les découvertes du laboratoire aux patients. Cela aide à identifier des marqueurs biologiques du vieillissement en bonne santé. La cohorte de souris INSPIRE est donc un outil important pour promouvoir des traitements individualisés afin de bien vieillir.
 
L’étude a impliqué la collecte d'une vaste gamme de tissus et d'organes provenant de souris à différents âges biologiques et chronologiques. La biobanque d’échantillons et la base de données complète sont toutes deux accessibles à la communauté scientifique sur demande.
 
Référence :
Computational and digital analyses in the INSPIRE mouse cohort to define sex-specific functional determinants of biological aging
Yohan Santin, Mattia Chiesa, Amélie Alfonso, Yosra Doghri, Ryeonshi Kang, Fraha Haidar, Pilar Oreja-Fuentes, Occiane Fousset, Rana Zahreddine, Mégane Guardia, Lucas Lemmel, Mara Rigamonti, Giorgio Rosati, Cédrick Florian, Sébastien Gauzin, Sophie Guyonnet, Yves Rolland, Philipe de Souto Barreto, Bruno Vellas, Bruno Guiard, Angelo Parini
Science Advances, décembre 2024

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